[Test] Mafia II
8 ans après un essai brillant (mais bugée) dans le milieu des grandes Familles siciliennes de l’Amérique du Nord, Mafia II revient sur le devant de la scène, bien décidé à en découdre avec la concurrence de plus en plus sérieuse dans le domaine du jeu de grand banditisme. Pari délicat pour 2k Czech, attendu au tournant par une horde de fans n’en pouvant plus d’attendre, report après report, la suite d’un grand jeu. Pari réussi ?
Bienvenue dans la Famille !
Vito est le modèle type de gamin sicilien débarqué dans les rues américaines avec sa famille pour y trouver un meilleur avenir, mais surtout pour fuir le régime italien qui verra plus tard l’arrivée de Mussolini au pouvoir. Frappé par la désillusion la plus totale en voyant son père trimer comme un malade pour ramener à peine de quoi vivre à la maison, il ne lui en faut pas plus pour se décider avec Joe, son ami d’enfance, à faire quelques petits larcins. A ce petit jeu il se fait vite pincer et envoyer avec l’armée dans son pays d’origine, direction la seconde guerre mondiale. Il serait malhonnête de vous raconter le déroulement de l’histoire de Mafia II, car c’est là le point fort du jeu, tout comme ce le fut du premier. Bien écrit, le scénario s’étale en chapitres s’échelonnant sur les jours, voire les années dans la cité d’Empire Bay.
Evolution.
Si graphiquement le jeu est agréable, il souffre d’un développement qui lui aura coûté en textures et clipping. Le gros du travail des développeurs s’est focalisé sur les visages des protagonistes qui, s’ils ne se hissent pas au niveau d’un Heavy Rain, n’en demeurent pas moins bluffant sous certains angles. La cité en elle-même a également bénéficié d’un grand soin, évoluant avec le temps, vivante et agréable à parcourir, il lui manque cependant un peu d’interactivité pour convaincre de l’existence de son âme et de son rôle à part entière dans l’histoire. Les véhicules sont variés mais ne se divisent qu’en trois ou quatre catégories, et même si leur conduite est agréable (bienvenue au pays des caisses à savon !) et fun, il est dommage de ne pas avoir poussé plus loin le jeu de ce côté-là. Car pour qui connaît Mafia premier du nom on reste avec l’amertume de ne pas retrouver la piste de course et les bolides qui y tournaient à l’époque (repris dans The Saboteur d’ailleurs).
Tant d’attente…
Pour ceux qui ne le savent pas, Mafia II n’est pas à proprement parler un jeu bac-à-sable, on peut certes s’y balader, braquer quelques boutiques, mais l’interactivité s’arrête-là. Assez linéaire dans sa progression et sans véritable poursuite scénaristique, il déroule l’existence d’un Vito au vrai-faux caractère de truand, tentant parfois de verser dans l’émotion sans y parvenir tant les ficelles utilisées sont grosses. Mafia est un jeu d’écriture et on ne peut décemment pas le blâmer de ne pas être allé plus loin dans son scénario, tant il est rare d’en trouver un dans les jeux du moment. Mais suivre les aventures de Vito Scalieri sans en être le maître nous laisse un sentiment de frustration, tant la plupart de ses choix n’auraient peut-être pas été les nôtres. A une époque où on nous laisse une grande liberté d’interactivité dans les jeux il est dommage de ne pas avoir son mot à dire dans celui-là, et de forger le caractère de Vito tel qu’on le voudrait.
…Pour pas grand-chose.
On se retrouve à suivre un pantin qui se promène de famille en famille (il y en a 3), en permanence réveillé par le téléphone, et qui ne trouve pas un moment dans son existence pour aller draguer les aguicheuses pépés que ramasse son meilleur pote à tour de bras. Au lieu de ça le pauvre Vito perd son temps entre deux fusillades à visée semi-automatique à ramasser des Playboy pour son propre compte, à voler des voitures avec une intolérable facilité et sans une once de résistance, et à semer des policiers au comportement parfois très étranges, qui vous coursent pour un feu grillé mais qui ne prennent même pas le temps de vous remettre à l’ordre quand votre compteur affiche un joli 130 km/h en ville…
En un mot.
Des personnages bien travaillés, une ville à fort potentiel, un scénario qui effleure les bonnes pistes sans les creuser, Mafia II possédait de sérieux atouts pour en imposer à la concurrence, malheureusement ses retards successifs, sa faible durée de vie et son héros trop gentil pour être mafieux laissent un arrière-goût prononcé de frustration que j’ai encore bien du mal à digérer.
6,5/10